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L'évolution pénale chez les femmes dans le district de Saint-François entre 1885 et 1915

Comment la criminalité et le traitement judiciaire des femmes se distinguent-ils de ceux des hommes?

Hypothèse

La majorité des crimes commis par les hommes concerne les crimes contre l’ordre public. L’équipe de recherche estime qu’il en sera de même pour la criminalité féminine, mais qu’une divergence apparaîtra pour les autres types de crimes commis. De fait, les hommes vont commettre davantage de crimes violents ou contre la propriété alors que les femmes auront le quasi-monopole des crimes sexuels et autres délits contre la morale.

Méthodologie

Il est important de souligner la fragilité des résultats présentés ci-contre, considérant que les proportions d’hommes sont calculées sur un total de 160 entrées et celles des femmes sur un total de 16 entrées. Ainsi, en travaillant avec des pourcentages, les données peuvent être comparées.

Registre d’écrous [2] | Photo prise à la prison Winter en 2022 [1]

Bien que les crimes contre l’ordre public ne varient pas selon le genre, la divergence est claire en ce qui concerne les crimes contre la morale, qui occupent une proportion beaucoup plus forte parmi ceux commis par des femmes. Au contraire, les hommes sont plutôt représentés dans les catégories des crimes contre la propriété et contre la personne. Il est intéressant de noter que les crimes contre l’ordre public chez les femmes concernent surtout le vagabondage alors que chez les hommes, ils sont plutôt diversifiés (ivresse, conduite déréglée).

Dû au faible nombre de crimes commis par les femmes, il est possible de mentionner directement les infractions plutôt que de les catégoriser. En ressort donc un portrait plus précis de la criminalité féminine où plus de 50% des crimes commis par les femmes concernent l’ordre public, ce qui s’apparente à la criminalité masculine. Cependant, 37,5% des crimes commis par des femmes concernent la morale, notamment, la prostitution, la gestion de maison mal famée et la folie. Les crimes contre la propriété sont sous-représentés alors que les crimes contre la personne et les infractions réglementaires ne sont même pas présents.

Le graphique permet de visualiser la différence de l’expérience pénale en fonction du sexe. La forte majorité des hommes se voient condamnés à 30 jours ou moins d’emprisonnement pour vagabondage, alors que la plupart des femmes coupables doivent servir des peines de 90 jours ou plus. Il est possible de voir que les autorités sont considérablement plus sévères envers les femmes que les hommes pour le vagabondage[3].

Texte réalisé par : Alexane Roy et Jérôme Parenteau

Médiagraphie

Références

Alexane Roy, Prison Winter, (Sherbrooke, 8 août 2022).

Bibliothèque et Archives nationales du Québec - Québec (BAnQ), Fonds Ministère de la Justice, « Registre d’écrou (prisonniers admis) de la prison de Québec (femmes et hommes), 1874-1880 », (Québec, 1874-1880). Lien.

Il faut préciser qu’un des 44 hommes arrêtés pour vagabondage a été placé sous détention provisoire tandis qu’une des 7 femmes arrêtées pour vagabondage a payé une amende d’une somme de 21$.

Pour aller plus loin

Blanchard, Carolyne, « La criminalité féminine dans le district judiciaire de Saint-François (1874-1928) », mémoire de maîtrise (histoire), Université de Sherbrooke, 2003, 122 p., Lien

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